CHAR,

Vous avez dit Char ?

Voilà maintenant de nombreuses années que le miztral existe. Nous vous avons souvent proposé des plans d’ailes ou encore de cerf-volant statique ou combattant.

Nous nous attacherons pour la première fois dans ce numéro, spécialement à la traction orientée buggy, avec en prime un plan de voile (qui vole contrairement à de nombreux plans circulant entre cerfvolistes, et ne garantissant pas toujours des résultats satisfaisants.

Pour ce numéro spécial nous vous proposerons de nombreux documents émanant de Fabrice Campens (ancien président du célèbre club Les Ailes du délire). En effet, Fabrice, passé maître dans la technique du buggy depuis plusieurs années nous à gentiment autorisé à réutiliser quelques uns, de ces documents pour vous concocter ce numéro spécial traction.

Nous vous proposerons donc tout d’abord une brève présentation de la discipline, ainsi que de la technique, et nous vous proposerons ensuite le plan de la Quatrofoil…

Après quelques tassements de vertèbres, le pilote avisé équipe son char d'un dossier en bois ou plexi. Après avoir pris douze tonnes de sable, de vase et d'algues en pleine figure, il l'équipe également d'un gardeboue.

Char long ou char court ?

Ces derniers temps, on a vu émerger un nouveau type de char : le char long. Le principe reste identique, mais le char est allongé, en particulier à l'arrière, et l'essieu est également plus large. Le pilote est ainsi placé presque au milieu du triangle constitué par les trois roues, au lieu d'être quasiment assis sur l'essieu comme dans les chars courts.

Avantages du char long : le pilote peut sortir des voiles beaucoup plus grosses, car son char part beaucoup plus difficilement en glissade par l'arrière ("en crabe"). Il est donc logiquement possible d'atteindre des vitesses supérieures, et de mieux remonter au vent.

Inconvénients du char long : l'inconvénient, nous paraît double, et il est lié à la plus grande stabilité de ces chars. D'une part, il est très difficile de partir en dérapage, ce qui rend ardues les manœuvres d'arrêt. Les freinages à la voile ou même au pied (!) sont souvent requis. D'où, à notre sens, une sécurité légèrement moindre, particulièrement vis-à-vis des autres occupants de la plage. D'autre part, les chars longs sont, toujours à notre avis, et toujours pour les mêmes raisons, nettement moins marrants à piloter, que les petites savonnettes Peter Lynn auxquelles je reste indécrottablement fidèle.

La voile

A priori, toute voile développant suffisamment de traction, convient pour le buggy. Certains pilotes utilisent des deltas (souvent en trains), des appareils type Speedwing (Progress...). La tendance lourde est actuellement d'utiliser des voiles souples à caissons.


Pourquoi?
- encombrement très faible
- vitesse de voile importante
- un peu moins de risque de casse
- meilleure autonomie (essayez donc de remonter tout seul un train de 7 speedwings...)

On assiste, peu à peu, à la disparition des voiles deux lignes pour le buggy (type Peel), au profit de voiles 4 lignes plus techniques, mais aussi plus faciles à placer dans la bonne couche de vent.

L'équipement
Impossible de rouler correctement, sans un minimum d'équipement, que ce soit pour des raisons de confort ou de sécurité.

Il vous faut impérativement une combinaison étanche. On trouve souvent, en promo, pour des prix raisonnables, des combinaisons de moto avec une couche de latex. Problème : elles ne sont pas très étanches aux pieds, aux poignets et au cou. Solution partielle : mettre une bande de serviette éponge autour du cou et des élastiques aux extrêmités.

Vous pouvez aussi opter, pour la combinaison néoprène classique ; là aussi, certains magasins pratiquent des prix raisonnables.

Le choix d'une combinaison correcte est essentiel : un passage dans une flaque à 60km/h en plein hiver, et vous aurez vite compris.

ous devez vous équiper d'un casque. Les risques de tomber sur la tête sont assez réduits; par contre, et on y pense rarement, il arrive très fréquemment que l'on reçoive le char (et notamment l'essieu arrière) sur le crâne lorsqu'on se retourne. Cela, peut être, la source d'accidents très graves, même par relativement petit temps. Le casque intégral bas de gamme est une assez bonne solution, car la visière vous permet également d'éviter les projections d'eau, et de sable (avoir les dents qui crissent pendant deux jours est une expérience extrêmement déplaisante...)

Si vous n'avez pas d'intégral, pensez à mettre de grosses lunettes étanches; pour le bas du visage, les magasins de paintball fournissent d'excellents masques pas chers du tout. Look un peu agressif toutefois...

Pour les pieds, une bonne paire de bottes en caoutchouc sont une solution couramment adoptée. Sinon, toutes chaussures montantes et étanches feront l'affaire.

Pour les mains, pensez que vous aurez les doigts serrés sur les poignées, ce qui empêche l'afflux de sang. En hiver, les mains se refroidissent donc très vite : il existe des gants de ménage en latex hypersolides, chauds et étanches, achetez-en une paire.

Un harnais


Attaché à la taille du pilote, le harnais vous permet de relâcher les bras. C'est nécessaire pour pouvoir rouler longtemps et supporter des tractions importantes.


Il existe plusieurs systèmes de harnais. Tous ont leur intérêt, mais un seul présente à mon avis suffisamment de garanties de sécurité: le harnais type planche à voile, avec un crochet courbé vers le bas où vient se coincer le bout de harnais. Il suffit de tirer sur les poignées pour se libérer.


Peter Lynn a mis au point des poignées qui libèrent les lignes quand on desserre les mains. Mais celà impose de garder les mains crispées tout le temps, ce qui est assez dur.

Vous pouvez fabriquer vous-même votre harnais; attention toutefois à le faire suffisamment solide. Les harnais du commerce offrent toutes les garanties de ce point de vue.

Quelques voiles célèbres...

La série Skytiger fabriquée par Flexifoil a acquis une réputation de qualité à mon avis fort méritée, plus particulièrement dans la configuration High Aspect Ratio (les "HI"). Les HI sont des voiles absolument fiables, très stables, mais développant une puissance tout à fait honnête pour le buggy dès qu'elles prennent de la vitesse. Ces voiles sont tout sauf vicieuses, notamment grâce à un bridage assez rusé à trois étages qui maintient les caissons en pression en permanence.

La version Icarex de ces voiles (P38) permet de voler par très petit temps ; un défaut, l'usure, qui est peut-être plus rapide qu'avec du nylon. L'entrée d'air haute pression, maintenue fermée par de la gaze, me paraît aussi contribuer à maintenir la voile gonflée en toutes circonstances; mais elle rend la voile difficile à nettoyer, notamment lorsque les caissons se remplissent de sable humide.

Les Skytiger sont très élégantes en vol, très faciles à manier ; elles sont suffisamment performantes en puissance pour vous amener rapidement à vitesse élevée, mais elles produisent une accélération suffisamment douce pour ne pas risquer de gicler du char à chaque empannage. A mon sens, d'excellentes voiles.

La Modulus est un concept original de Spider (toute petite entreprise basée à Pembrey au Pays de Galles, au bord d'une plage absolument extraordinaire). A la base, l'idée est d'avoir plusieurs petits modules que l'on relie entre eux par des zips. On a ainsi toute une gamme de voiles, que l'on peut ajuster à volonté et rapidement en fonction du vent.

Ce sont manifestement des voiles rapides (il suffit de voir leur comportement dans le championnat anglais), mais très difficiles à maîtriser en buggy, avec une tendance à ne pas garder une forme très stable. Pour experts seulement, d'autant plus que le prix est assez moyennement abordable... Pour ma part, j'ai une préférence pour leur série BB de voiles non-modulables.

Il reste que Spider est sans doute le constructeur le plus attachant de la planète, et que ses voiles sont parmi les meilleures du marché.

La Wipika est une invention assez géniale des frères Legaignoux, de Quimper. Cette voile fonctionne sur le principe d'un spi ; le bord d'attaque gonflable lui donne sa forme, et surtout il permet à la Wipi de flotter. De là à imaginer les multiples applications nautiques de la chose...

Cette voile permet de rouler TRES vite, pas forcément au top du top pour les courses triangulaires, mais peut-être ce qui existe de mieux au monde pour de longs runs en raid.

La Wipika a été récemment honteusement pompée par un autre constructeur, et cousue avec les pieds, ce qui n'est pas rendre hommage au concept.

La Quadrifoil Classic est un best-seller en matière de voiles de traction. Ici, un Q3 (La gamme va de Q2 à Q6, si je ne m'abuse).

Les Q sont ce qu'on appelle communément des "camions", c'est à dire des voiles qui développent une traction phénoménale pour leur surface; en revanche, elles ne sont pas extrêmement performantes du point de vue de la vitesse, d'où l'appellation camion.

A mon sens, les Q sont de très très bonnes voiles pour débuter, et aussi pour batifoler en buggy dans les dunes et partout où on a besoin de puissance.

En revanche, pour rester à la hauteur en course, il vaut mieux chercher autre chose.

Un point important : les Q sont TRES solides; j'ai ma Q3 depuis bientôt 3 ans, elle en a vu de toutes les couleurs, et elle vole comme au premier jour.

La série Compétition de Quadrifoil (C1 - C2 - C3) est une collection de voiles hyper-brutales, rapides et puissantes. En buggy, les reprises en sortie de virage font un peu peur, mais vous réaccélérerez plus vite que n'importe qui (à condition bien sûr de ne pas vous faire éjecter). Ce ne sont pas les voiles les plus confortables du marché, mais elles comptent à coup sûr parmi les plus impressionnantes. Si vous avez les bras pour, ce sont des appareils très compétitifs. Mais attention, dès que le vent forcit, elles deviennent assez monstrueuses (et, il faut bien le dire, on en perd parfois un peu le contrôle).

Quadrifoil sort une nouvelle série (Q2000). Je l'ai enfin essayée (en version 3m). C'est un bon petit low ratio, 14 caissons, qui est effectivement un compromis entre la série C et la série Q.

Concept Air est une société québecoise qui fabrique des voiles de traction manifestement inspirées de la technologie parapente. La série la plus connue est la série EX. Ces voiles sont particulièrement réputées pour leur solidité, ce qui est indispensable dans la mesure où elles sont utilisées au Canada pour le ski tracté sur lacs gelés...

Elles sont également extrêmement puissantes et rapides, tout en restant assez contrôlables même en réaccélération. Elles présentent l'avantage non-négligeable d'être équipées d'un système de règlage d'incidence (le "SVV") qui permet de déventer la voile rapidement quand le vent forcit.

La gamme Advance Thetis fait partie de ces "voiles de nouvelle génération", qui, au même titre que, par exemple, les Concept Air ou les Jojo, s'imposent de plus en plus nettement en compétition de char à cerf-volant. Des voiles très rapides et puissantes, disponibles en 1,6m, 2,8m, 4,4m et 7,0m. Une tendance à fermer dans les vents très turbulents, comme la plupart des voiles de ce type, mais une performance très au-dessus de la moyenne.

Aux dires des spécialistes, les Thétis présentent des qualités d'accélération et de vitesse supérieures à celles des Quadri Compet, tout en offrant beaucoup plus de contrôle.

 

Fabrice CAMPENS